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L' Atelier des photographes du XIX siecle
13 janvier 2010

A. LUMIERE - Rue de la Barre a Lyon


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La Rue de la Barre avant la construction de l'aile sud de l'Hôtel-Dieu de Lyon (vers 1893) : vue de l'ancien atelier photographique d'Antoine Lumière, 15 rue de la Barre, vers 1880

Sylvestre, Jules (photographe) 1880


 

Né à Lyon le 12 octobre 1859, Jules Sylvestre commence sa carrière en 1873 comme opérateur-photographe à l'Hôtel-Dieu dans le service des professeurs Ollier, Etievant et Molière. En 1892, il ouvre un atelier photographique, alors situé au numéro 23 du cours de la Liberté, puis reçoit ses premières commandes d'importance lors de l'Exposition Universelle qui se tient à Lyon deux ans plus tard. Il photographie ainsi les différents palais et stands installés dans l'enceinte du parc de la Tête-d'Or, mais surtout les derniers instants du Président de la République Sadi Carnot, assassiné en marge de l'Exposition par l'anarchiste Santo Caserio, dont le corps est transporté, dans l'urgence, dans les salons de la nouvelle préfecture. Publiés dans la presse, ce cliché aujourd'hui perdu contribue en grande partie à la reconnaissance publique de Jules Sylvestre sur la région.

En 1898, Sylvestre change d'adresse pour de nouveaux locaux plus spacieux, 2 rue de Bonnel, adresse personnelle et professionnelle qu'il conserve jusqu'à sa mort le 21 janvier 1936. Il se spécialise immédiatement dans la "photographie industrielle", les "portraits artistiques", ou bien encore dans la "reproduction de peintures et objets d'art", notamment pour le Palais Saint-Pierre ou pour les Salons de la Société lyonnaise des beaux-arts, clichés qui sont édités, par ses soins, en plusieurs séries de cartes postales comme bien d'autres vues par la suite.

Vers 1900, sa carrière prend un second tournant lorsque qu'il rachète la collection du photographe lyonnais Benjamin Escudié, gendre d'un autre photographe de renom, Philippe-Fortuné Durand. Méthodiquement, il recueille sur plaque de verre les daguerréotypes ou calotypes pris par ses devanciers (Durand, Froissard, Popineau), allant même jusqu'à adresser en 1906 une demande officielle à la Ville de Lyon pour obtenir "l'autorisation de reproduire, en cartes postales, la série des clichés photographiques en dépôt au service de la voirie", clichés aujourd'hui conservés aux Archives municipales de Lyon.
Comme nombre de ses confrères, il adhère dès 1902 à la Chambre Syndicale de la Photographie. Il en démissionne cependant en 1912, sans avoir obtenu, par son intermédiaire, les Palmes académiques (1er janvier 1910), alors qu'il participe à la commission d'étude chargée de la préparation du Congrès national de la photographie professionnelle. La Chambre syndicale lui permet par ailleurs d'entretenir des liens avec Georges Giraudon, successeur de son père à la direction de la célèbre "bibliothèque photographique" qui joue un rôle déterminant dans la diffusion et l'utilisation des supports photographiques en proposant un catalogue iconographique à destination des "savants et artistes" de toute l'Europe. Jules Sylvestre devient ainsi correspondant-photographe de l'une des plus anciennes et des plus importantes agences photographiques françaises à laquelle il fournit des clichés artistiques pris dans les divers musées de la Ville et qu'il facture, selon le cas, entre 5 et 10 francs.


Richesse du fonds
Le Fonds Sylvestre conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon trouve donc une double origine. D'une part, un ensemble de vues, dont certains originaux aujourd'hui perdus ou inaccessibles, illustre le patrimoine lyonnais depuis les années 1840, notamment les inondations de 1856 ou les transformations urbanistiques de la ville avec le percement de la rue Impériale, actuelle rue de la République, et les travaux réalisés au Second Empire sous l'impulsion du préfet Claude Marius Vaïsse. On peut également joindre à cet ensemble une série de photographies exécutées par Sylvestre au tournant du siècle à la demande de la Commission municipale du Vieux-Lyon qui le charge de recueillir par l'image les maisons, monuments ou vestiges artistiques des quartiers Saint-Jean et Saint-Paul appelés à disparaître sous l'action du temps.
En second lieu, on retrouvera dans ce fonds d'innombrables reportages réalisés pour la municipalité, pour les entreprises de la région lyonnaise ou pour des particuliers: série de clichés sur les grands travaux d'urbanisme de l'Entre-deux-Guerres exécutés par l'architecte Tony Garnier (abattoirs de la Mouche à Gerland, Hôpital de Grange-Blanche, projets de monument aux morts, etc.), série sur les écoles de blessés militaires créées à partir de 1914 à Lyon et à Tassin, série sur les groupes scolaires de la région, notamment sur l'Ecole municipale d'Agriculture de Cibeins (Ain), série sur les industries locales (entreprise de soieries F.Ducharne, entreprises de constructions électriques de Delle et Schneider-Westinghouse), série sur les entreprises chimiques avec les sociétés Poulenc frères et l'Usine du Rhône à Saint-Fons...
Spécialisée dans le domaine de la photographie industrielle, c'est tout naturellement que la maison Sylvestre évolue enfin à la Foire d'échantillons (1916-1918), puis à la Foire internationale de Lyon, où elle répond à des demandes ponctuelles d'exposants, simple artisans ou industriels reconnus, en quête d'images susceptibles d'illustrer plaquettes et catalogues professionnels.

En 1929, Jules Sylvestre cède son affaire - et son nom - à Blanche Savoye, puis à Mlle Jeanne Fontanel qui en continuent l'exploitation jusqu'en 1960. Sur cette période, se détachent encore quelques ensembles documentaires majeurs, comme celui qui est commandé par la mairie de Villeurbanne. En 1934, la maison Sylvestre est en effet engagée par la municipalité pour réaliser un reportage photographique sur le nouvel ensemble architectural des "Gratte-Ciel" (environ 200 plaques). Les photographies sont publiées en mai de la même année dans le prestigieux Livre d'Or de Villeurbanne, ouvrage vendu par souscription et célébrant les dix ans d'administration du maire socialiste Lazare Goujon.
Enfin, la maison Sylvestre assiste impuissante aux destructions causées par la Seconde Guerre mondiale. A la demande du Service immobilier de la Ville (subdivision des Services techniques), elle effectue ainsi plusieurs reportages sur les quartiers de Lyon sinistrés à la suite des bombardements alliés de mai 1944, puis sur la destruction des ponts de Lyon par l'armée allemande en déroute et sur leur reconstruction dans l'immédiat Après-guerre, vues qui illustrent partiellement une publication éditée sur ce sujet au second semestre 1945 par l'Association des anciens élèves de l'Ecole Centrale lyonnaise.

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Commentaires
B
merci pour toutes ces précisions, votre billet est une mine (dommage qu'il soit écrit si petit)
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