- Emilien DUPUIS - Hallencourt (Somme 80)
- Date de début d'activité : 1893
- Profession : Tisserand en 1898, photographe en 1911 et 1936
Né le 28 août 1873 - Hallencourt,Somme, et Décédé le 30 mars 1963 à Abbeville, à l'âge de 89 ans
Portrait fortement inspiré d’un texte paru dans le Courrier Picard en 1960 et de précisions apportées par Edmond Caumont.
Émilien Dupuis est né à Hallencourt en 1873. Fils d’une ouvrière d’usine qui travaillait au tissage à Hallencourt, aîné de six enfants qui étaient ses demi-frères et sœurs, Émilien Dupuis fut envoyé très jeune au travail. Son esprit curieux le faisait s’intéresser à tout autour de lui. À 12 ans, explique-t-il, avec un bon sourire, plus narquois que mélancolique, je manipulais l’alphabet morse comme un véritable télégraphiste. Il faut dire que je me trouvais plus souvent chez Madame Mathon, à la Poste, qu’à l’école et j’aimais ces mécaniques qui étaient des nouveautés à l’époque.
M. Dupuis eut alors la chance de rencontrer un pharmacien qui, constatant son esprit vif et ingénieux, le conseilla et l’aida à apprendre la photographie. Avant 1900, c’était encore l’époque héroïque avec comme précurseurs Niepce, Daguerre ; mais déjà à la place des plaques métalliques, on utilisait des plaques de verre. L’un de ses oncles, carillonneur, lui prêtait exceptionnellement 10F, et il achetait un
appareil photo pour 9,50F, ainsi qu’un livre pour apprendre. Et la grande aventure commença.
Le jeune photographe se construisit une chambre noire en 1893 et avec tout son attirail, commença à prospecter la région. La semaine, il allait à la fabrique et le dimanche se rendait de commune en commune pour prendre des photos de famille, de réjouissances, de fêtes locales.
En 1899, la recette de l’année se montait à 792.25F, et c’était une belle année ! Parallèlement à ses découvertes photographiques, M. Dupuis menait des recherches sur l’histoire locale et archéologique ; ainsi, les jours de pluie, il allait, en des lieux connus de lui seul, ramasser des débris de poterie et des silex taillés. Il possédait aussi une collection de lampes à huiles en argile : des crassets. La passion de connaître, de découvrir ne le quittait plus.
Ajourné une première fois au service militaire, il fut tout de même mobilisé en 1914 au 14ème Territorial à Abbeville, puis affecté au 5ème Génie. Là il se souvient qu’il baladait tout son matériel photographique ainsi qu’un trépied. « Quel succès, au repos, dans les cantonnements, quand je faisais la photo de l’un ou de l’autre ! ».
Marié, en 1898, avec Melle Maillard d’Hallencourt qui lui donna un garçon, Benjamin, mort à 23 ans, noyé dans le Rhin en occupation en Allemagne, le 3 septembre 1930, M. Dupuis avait atteint une certaine notoriété à Hallencourt où l’on s’était habitué à le voir avec son
appareil photo, son trépied, sa caisse en bois, des cadres avec des plaques de verre émulsionnées ainsi qu’une toile de fond roulée sur une tringle en bois. Il y était surnommé ech tireu d’portrait ou encore ech rotili, à cause de ses cheveux et de sa moustache rousse.
Il acquit la première voiture automobile à Hallencourt, il ne sait plus en quelle année, une De Dion Bouton qui n’avait même pas de volant, mais une simple poignée en forme de guidon.
Toujours passionné de mécanique, il avait également tâté de l’électricité, à Saint Quentin en même temps qu’il était organiste. Car dit-il : « j’avais appris la musique tout seul et je m’essayai au pistonalto »
Dans un second mariage, il vécut avec Madame Mantel, parisienne d’origine, dans une petite maison à l’angle entre la rue Saint Louis et la rue Saint Denis (ferme Rayez actuelle). Membre correspondant de la Société d’Émulation depuis 1914 et de la Société des Antiquaires de Picardie , M . Dupuis n’a jamais cessé de s’intéresser à l’histoire locale et il a rassemblé dans de vieux cahiers des petits faits amusants qui évoquent irrésistiblement le temps d’autrefois.