Dernier volet aujourd'hui retraçant l'histoire de la plage de Calais, de la fin de la Première Guerre mondiale à la fin des années soixante. Une plage qui prend petit à petit la forme que l'on connaît actuellement
Si au cours de la Première Guerre mondiale, les touristes anglais délaissent quelque peu la plage, les Calaisiens eux, continuent de la solliciter.
Il faut seulement attendre la fin du conflit pour que de nouveaux aménagements, comme la construction d'un court de tennis à proximité du nouveau casino, revoient le jour.
Brutalement interrompue par un conflit que personne à l'époque ne pensait voir durer quatre ans, la saison d'été 1914 a vu fleurir aux abords de la plage des dizaines d'affiches de mobilisation. Dès le 3 août 1914 au petit matin, les premiers torpilleurs de la base navale de Calais, l'Escopette et le Durandal, suivis par la flotille des sous-marins sont de sortie pour une surveillance du Détroit. Très vite la guerre se met à hanter les esprits. A 7h55, le Frieda Mahn, navire allemand est intercepté au large de Calais, mais la guerre n'étant pas encore déclarée, le trois-mâts est relâché. A 18h45, la guerre devenait officielle mais l'embarcation était déjà bien loin... D'un point de vue touristique, peu de choses sur cette période. Aucune interdiction n'est faite aux civils quant à l'accès de la plage. Cette dernière reste entièrement libre. Par ailleurs, les travaux de Georges Wiart indiquent aucune destruction, aucun chalet n'a été détruit par les bombardements aériens parce qu'en réalité peu de bombes sont tombées sur la plage de Calais. En revanche de nombreuses mines dérivantes s'y sont échouées occasionnant quelques belles frayeurs aux badauds.
L'entre-deux guerres et le retour de la prospérité Le calme revenu, les touristes étrangers affluent de nouveau sur le sable calaisien. Dès la fin de l'année 1918, Achille Bresson, concessionnaire du Casino reprend les travaux mis en veille durant ces quatre années de conflit. La municipalité se joint même à lui, essayant de développer le caractère balnéaire de la cité des Six-bourgeois. Charles Morieux, Hans Apeness et Léon Vincent s'y affèrent mais sans succès. Il faudra attendre 1968 pour voir d'importants changements.
Le Casino se modernise. La terrasse de café se prolonge sur toute la longueur des bâtiments et dans la salle de jeux, les parties de boules apparaissent. La salle de spectacle baptisée le Lido permet d'organiser de nombreux spectacles, concerts et conférences. C'est d'ailleurs dans cette salle que le peintre et écrivain calaisien Georges Andrique reçoit en 1937, la Rose d'or pour récompense.
Sur le bord de mer, des chalets commerciaux remplacent ou viennent compléter les chalets privés. Sur l'avenue de la plage, un square est aménagé contre les murs du fort Risban où est inaugurée une stèle en l'honneur de l'aviateur calaisien Gilbert Brazy. Petit à petit les chalets calaisiens rejoignent Blériot-Plage sans qu'aucune digue ne permette leur accès. Et c'est à cet égard que le fermier de la plage fait élaborer un chemin que l'on appelait jadis "les planches". La plage vit tranquillement jusque l'été 1939.
Une fois de plus, la mobilisation vient interrompre les vacances d'été et pour six années cette fois. Au terme de cette période, plus rien de debout ou presque au-delà du parc Saint-Pierre. La plage, le port, les habitations, tout est rasé. En mai 1940, le port et la plage de Calais sont rayés de la carte par les Allemands, le reste suit dans la foulée. Pendant cinq ans, le nord de Calais est interdit aux civils. Seuls quelques personnes autorisées par la Kommandantur peuvent y pénétrer. A la libération, c'est le chaos, il ne reste plus rien hormis les énormes blockhaus du front de mer.
« Résurrection » ou « désolation » ?
L'année 1946 redonne espoir aux amoureux de la plage. L'heure est à la reconstruction et très vite la plage renaît. Monsieur Barrez fait reconstruire la brasserie de la digue (le Petit Casino détruit par une tempête en 1987) et quelques commerçants viennent s'installer sur l'ancien rond-point. Les premiers chalets font timidement leur apparition, on en dénombre 70 en 1949. Trois ans plus tard, Gaston Berthe maire de Calais, fait voter au conseil municipal, la construction d'une digue pour relier Calais à Blériot-Plage. Celle-ci porte toujours son nom. Enfin, la plage de Calais obtient la physionomie que nous lui connaissons aujourd'hui, vers la fin des années soixante. L'urbanisation du front de mer commence avec d'abord, la construction de l'immeuble Rodin puis celle des maisons de la digue Gaston Berthe. Petit à petit, les friteries, les boulangeries et les dunes de sable périclitent au profit des promoteurs immobiliers et autres parkings goudronnés.
Ainsi s'achève cette rétrospective consacrée à l'histoire de la plage de Calais. Pour plus d'informations, voir les ouvrages de Jean-Pierre Pruvot disponibles au Salon Leroy, 2 rue de la paix.