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L' Atelier des photographes du XIX siecle
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15 août 2010

Durand

  • Philippe Fortuné DURAND - Lyon (1798-1876)
  • Début Activité : 1840
  • Adresse : 11 Quai d' Orléans

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Le Lyonnais Philippe Fortuné Durand est considéré comme le premier photographe professionnel français (certains sites de vente aux enchères n'hésitant pas à parler carrément de premier photographe professionnel au monde...). Dans un courrier au peintre et sculpteur Antoine Louis Barye du 20 janvier 1844, il se décrit ainsi : « quant à moi, je suis toujours graveur, moitié artiste, moitié marchand, je passe la vie assez agréablement entre ma femme, mes deux filles et dans la famille de ma femme ».
Ce Lyonnais était paradoxalement né à Paris le 1er mai 1798. Dans un courrier qu'il adresse à la commission de la reconstitution de l'état civil parisien (qui a brûlé en 1870) il précise qu'il est né au 121 rue Saint Honoré, en face de l'Oratoire des Protestants. Curieusement pour l'époque, il ne sera baptisé que 12 ans plus tard, à Saint Germain l'Auxerrois. Philippe et Mathieu Durand, père et oncle du photographe, tous les deux dessinateurs, étaient issus du second mariage d'Anthelme Durand, enfant adoptif de l'hôpital de la Charité, ouvrier en étoffes de soie, avec Françoise Lambert, dévideuse de soie, originaire de Presle en Savoie.
Est-ce après le décès d'Anthelme Durand en 1793 que Philippe Durand s'installa à Paris ou y était-il déjà ? Toujours est-il que c'est à Paris qu'il se marie au printemps 1797 avec Sophie Apolline Lefer, née à Troyes au hasard des affectations de son père, greffier, mais descendante d'une très ancienne famille parisienne (les arrière-grands-parents Lefer de Sophie Apolline se marient en 1687 à Versailles où Christophe Lefer était officier de bouche de la Reine).
En novembre 1819, Philippe Durand meurt à Paris. Moins d'un an plus tard, Philippe Fortuné Durand perd sa sœur Elisabeth âgée de 21 ans. Il est peut-être encore à Paris en décembre 1822 quand son autre sœur, Sophie, épouse à Saint Germain l'Auxerrois, un fabricant de châles (ou « schalls » comme on écrivait à l'époque) d'origine lyonnaise ou même pour le remariage de sa mère qui épouse le 23 juillet 1825 un dentiste qui n'a que 6 mois de plus que Philippe Fortuné, son nouveau beau-fils.
On retrouve Philippe Fortuné à Lyon en 1829 où il se marie à l'église Saint François de Sales en novembre. Cette même année il a ouvert un atelier de gravures sur bois et métal, Passage de l'Argue. Il y ajoute en 1840 un bail commercial de photographe, ce qui lui permettra par la suite de revendiquer le titre de plus ancienne maison photographique française. Il est toujours Passage de l'Argue en 1850 (au 40 et 42) lorsque sa fille ainée, Philiberte, épouse un graveur originaire de Morteau, Amédée Willemin, qui devient le collaborateur de Philippe Fortuné dans ses travaux de photographie.
En 1860, lorsque sa seconde fille, Eugénie, se marie à son tour, il a déménagé au 11 quai d'Orléans (quai de la Pêcherie aujourd'hui) où se trouve aussi le studio photo. Benjamin Escudié, le nouveau gendre, devient aussi le collaborateur de son beau-père. Philippe Fortuné Durand a apparemment eu deux autres adresses professionnelles avant celle du quai d'Orléans, 3 rue du Bât d'Argent dans les années 1860 et 8 rue de l'Arbre Sec (on ne sait pas précisément à quelle date). Pour les étrennes de 1866, le journal Le Salut Public suggère à ses lecteurs : « Voulez-vous selon l'usage qui tient à se répandre, envoyer à vos amis et connaissances votre portrait au lieu d'une banale carte de visite ? Allez chez M. Durand, 11 quai d'Orléans, dont les gendres MM. Escudié et Willemin sont les dignes successeurs après en avoir été les collaborateurs ». Bientôt seul Benjamin Escudié sera aux manettes, Amédée Willemin décède en 1870. De nombreux photographes sont établis à Lyon à cette date. Parmi eux, on peut noter depuis 1871, Antoine Lumière, père d'Auguste et Louis, photographe portraitiste au 15 rue de la Barre...
En dehors des portraits en studio, Philippe Fortuné Durand a aussi « daguerreotypé » Lyon et ses alentours. On lui doit plusieurs photos du Lyon disparu comme celle du Pont du Change en cours de démolition après la construction du nouveau pont (appelé aussi Pont de Nemours), une vue « aérienne » du quartier Grolée derrière Saint Bonaventure ou encore une photo de la Vierge de Fourvière lors de son installation sur le clocher de la chapelle en 1852.
Philippe Fortuné Durand décède en juin 1876, au 5 quai Fulchiron chez les Escudié, quelques mois après la naissance du 9e enfant du couple. Après les funérailles célébrées en l'église Saint Vincent, il est inhumé à Trévoux où il possédait une propriété.
Benjamin Escudié déménagera en 1882 le studio photo au 6 place des Cordeliers dont la plus grande partie de la façade portait en lettres capitales « la réclame » de l'entreprise héritée de Philippe Fortuné Durand, telle qu'on peut voir sur les photos de l'immeuble avant qu'il ne soit détruit dans les travaux de transformation du quartier Grôlée vers 1891.

Texte de Sandrine Kominek (sandrine.kominek@gmail.com)

 

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