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L' Atelier des photographes du XIX siecle
25 juillet 2010

DISDERI et Cie

  • André Adolphe Eugène Disdéri (1829 - 1889)
    ou la photographie démocratisée

Disdéri fut d'abord commis-voyageur, fabricant de lingeries, et bonnetier à Paris. Après avoir fait faillite, il part pour Brest, fin 1846, pour y ouvrir un établissement de photographies repris plus tard par sa femme, après leur séparation. Après avoir occupé divers emplois, dont une entreprise de diorama, il est fiché comme républicain et quitte Brest pour le sud de la France où il devient photographe à Nîmes. Il travaille alors sur les techniques du collodion et du papier ciré.

De retour à Paris en janvier 1854, il va ouvrir un des plus importants studios de photographie de l'époque. Il invente en effet un nouvel appareil photographique qui utilise la technique du collodion humide et qui peut reproduire six clichés sur la même plaque de verre. C'est le brevet du portrait-carte qu'il dépose en 1854 et dont les avantages sont la réduction du prix de la photographie pour les clients et la reproductibilité des portraits, à l'inverse du procédé du daguerréotype, plus coûteux et qui ne permet qu'un seul portrait. Avant lui, un autre photographe, Louis Dodéro, avait produit à Marseille des portraits photographiques au format dit carte-de-visite, mais c’est à Disdéri qu’on en doit le développement commercial à grande échelle. Le portrait photographique entre alors dans l'ère industrielle et fonde son succès sur la représentation du statut social.

Les photographies obtenues par ce procédé ont un petit format assez proche de la carte de visite. Celles-ci deviennent assez vite à la mode, Disdéri devenant alors le photographe de nombreuses cours d'Europe. Parmi ses clients on trouve : la princesse de Metternich, épouse de l'ambassadeur d'Autriche, le baron Salomon de Rothschild, la comtesse Hatzfeld.

Il est photographe officiel de l'Exposition universelle de 1855 et présente de très grands formats (portraits grandeur nature) à Amsterdam. En 1856, une faillite personnelle et professionnelle le mène en prison. Cependant il reparaît en 1859 avec un nouvel appareil à quatre objectifs qui lui permet de réaliser huit clichés sur la même plaque.

Le prince impérial Louis Napoléon par Disdéri (1864)

En cette même année, 1859, Napoléon III, peu avant son voyage vers l'Italie, s'arrêta dans la boutique de Disdéri pour s'y faire tirer le portrait. La venue de l'empereur se répandit dans tout Paris et l'engouement fut tel que nombre de studios ouvrirent et se mirent à pratiquer cette technique. Avec Mayer et Pierson, Disdéri est alors reconnu photographe officiel de l'Empereur et son succès devient considérable. En 1860, il accompagne sans doute l'Empereur à Alger : son catalogue de mars 1861 présente alors pas moins de deux-cent-cinquante-six photographies "algériennes" : "cartes-photos" ou vues stéréoscopiques" dont plusieurs vues prises sur le vif de l'escadre impériale dans le port d'Alger et du débarquement de l'Empereur.

En 1862, il publie L'Art de la photographie, où il entend prouver que la photographie relève de l'art. Nadar serait bien mieux placé que lui pour mener à bien la démonstration, mais reconnaîtra l'habileté de son concurrent, concentrant ses critiques acerbes sur Pierre Petit et Mayer et Pierson. Disdéri obtient une médaille d'or à Londres où il tient une succursale, ainsi qu'à Madrid. Son atelier parisien luxueux se trouve alors juste au-dessus du théâtre de Robert Houdin, au numéro 8 du boulevard des Italiens. Inauguré en grande pompes, on y trouvait notamment un véritable musée : "Le Louvre du portrait-carte" selon l'expression du Monde Illustré du 14 avril 1860, avec une collection de personnages et de simples personnes dont les originaux suffiraient à peupler une sous-préfecture de seconde classe". Il est vrai que l'article rappelle aussi que, dans son premier salon, Disdéri avait d'abord gravé les noms de ses plus illustres clients et la date de leurs visites à ses ateliers :. "On y voit à côté des noms de LL MM l'Empereur et l'Impératrice, ceux du Prince Impérial, du prince Jérôme, du prince Napoléon et de la princesse Clotilde, des princes et de la princesse Murat, etc." A son apogée, Disdéri compta jusqu'à une centaine d'employés. Devenu riche, il fit construire une maison à Rueil-Malmaison, avenue Paul Doumer, qui existe toujours.

Après l'écrasement de la Commune, il prit de nombreux clichés des corps des fusillés. A partir de 1874, son activité décline et ne suffit plus à payer ses dépenses somptuaires. Il part pour Nice en 1879 puis revient à Paris pour y mourir complètement ruiné en 1889.

Il laisse 91 albums, avec 12 000 planches et 50 000 références, miraculeusement récupérés par Maurice Levert, le fils d'un ancien préfet de l'Empire, dont les héritiers vendirent le fonds aux services du Patrimoine.

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Nous trouvons l'annonce de Disdéri, ci-contre, insérée dans le " Courrier de Saumur ", pour la seule année 1863 et pour quatre parutions : 3 juin, 10 juin, 17 juin, 24 juin 1863.

Le célèbre photographe parisien, propose à la vente par correspondance aux lecteurs Saumurois, ses personnalités contemporaines au nombre de 321, sur portrait-carte de visite. La somme demandée - 1,20 f - est relativement modique. A titre d'exemple, la tarif d'affranchissement d'une lettre ordinaire est de 20 centimes.

 

Disdéri, le photographe attitré de Napoléon III, a vu défiler devant ses appareils, les personnalités françaises du plus haut rang, et les célébrités du monde entier. Il est d'ailleurs fort sévère sur la qualité de sa clientèle. Ne pose pas chez lui qui veut. Il représente comme le faubourg Saint-Germain de la photographie. Dans ses " types parisiens " le caricaturiste Jules Noriac nous le montre recevant dans ses magnifiques salons, appelés en Angleterre " Disderi Palace ". Il est revêtu de son célèbre surtout noir à boutons bleus, serré par une large ceinture de cuir, et pousse régulièrement de l'aurore au crépuscule : " N'bougeons plus ". (1865)

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M
Savez vous comment je pourrais me procurer la liste des 321 personnalités contemporaines proposées par DISDERI EN 1862?
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